10 février 2021

Par Dheepa Rajan, OMS, et Julia Sallaku, CSU2030

Construire en mieux : comment pouvons-nous aider les pays à analyser et évaluer la performance des systèmes de santé ?

Une approche plus harmonisée des évaluations des systèmes de santé, qui établit des liens plus clairs entre les fonctions et la performance des systèmes de santé, peut aider les pays à mettre au point des stratégies et plans de santé à base factuelle, notamment pour répondre au COVID-19 et récupérer après la pandémie.

La crise du COVID-19 met en lumière la nécessité de systèmes de santé robustes qui protègent la santé de la population. Pour aider les pays à consolider les systèmes de santé, des évaluations de la performance des systèmes de santé sont indispensables afin de guider le dialogue politique, la prise de décision ainsi que la définition et l’application de la stratégie sanitaire. Ces évaluations seront de plus en plus précieuses pour renseigner sur la manière dont les pays s’adaptent à la pandémie actuelle et amorcent la reprise.

Les outils ne manquent pas pour estimer l’ampleur et la profondeur du système de santé à différents niveaux. Néanmoins, les pays font face à deux difficultés. Premièrement, nombre de ces outils se concentrent sur des éléments structurels ou organisationnels des systèmes de santé (tels que les piliers du système de santé), avec beaucoup d’informations descriptives sur les intrants et moins de réflexions sur l’interaction entre les différents intrants et résultats. Cela rend difficile d’interpréter utilement certaines évaluations : que nous révèlent-elles sur le fonctionnement des systèmes de santé, ou leur performance du point de vue des résultats et des produits ? Deuxièmement, une multitude d’évaluations différentes couvrent des aspects différents mais qui se chevauchent des systèmes de santé. Ce phénomène est souvent exacerbé dans les pays qui reçoivent une substantielle aide extérieure pour la santé, avec différents partenaires soutenant ou encourageant différentes évaluations. Comment pouvons-nous aider les pays et les partenaires à mieux harmoniser leurs évaluations, et tirer des éclairages cohérents et des enseignements de leurs résultats ?

Le Groupe de travail technique de la CSU2030 sur les évaluations des systèmes de santé, créé en 2017, réunit plusieurs acteurs dans le but de s’attaquer à ces difficultés. Le Groupe de travail technique s’est demandé comment harmoniser différentes méthodes d’évaluation, en tenant compte de leurs objectifs particuliers et des perspectives qu’elles adoptent, de façon à ce que les résultats de l’évaluation soient plus pertinents du point de vue politique et offrent davantage d’éclaircissements sur la performance des systèmes.

Sur la base de ces activités conjointes, le groupe propose que les pays et les partenaires renforcent et harmonisent les évaluations de la performance avec une approche triple :

i) appliquer un ou plusieurs outils (existants) d’évaluation du système de santé (ESS) dans un contexte national ;

ii) comprendre comment l’information des ESS est liée à la performance du système à l’aide du Cadre des évaluations de la performance des systèmes de santé (EPSS) pour la CSU ;

iii) extraire et organiser les données des ESS en utilisant le modèle des EPSS pour la CSU, un auxiliaire simple pour centrer l’usager national sur les domaines qui influent le plus sur la performance.

i) Outils d’évaluation des systèmes de santé

Le groupe de travail technique a examiné les outils existants des ESS et a pris acte de leur utilité comme méthodes établies pour recueillir des données en vue d’une évaluation de l’ensemble du système. Le groupe a convenu de ne pas mettre au point un nouvel outil, mais de montrer comment les activités de collecte et d’analyse des données des outils existants peuvent être orientées vers une appréciation de la performance des systèmes de santé, rendant ainsi possible une application plus harmonisée et alignée des outils.

ii) Le cadre des EPSS pour la CSU

Le cadre des EPSS pour la CSU décrit de manière conceptuelle comment les informations de l’ESS s’articulent avec la performance du système. Il est fondé sur quatre fonctions du système de santé pour refléter ce qu’un système doit réellement « faire » pour atteindre les objectifs du système de santé : gouvernance, financement, création de ressources et prestation des services. (Note : ces quatre fonctions se chevauchent et incluent les six piliers du système de santé, mais sont réorganisées pour mettre en évidence le lien avec les produits et les résultats et, par conséquent, la performance.)

iii) Le modèle des EPSS pour la CSU

Le modèle des EPSS souhaite être un auxiliaire pratique, fondé sur le cadre des EPSS, pour les usagers nationaux afin de les aider à réorganiser l’information recueillie pendant une ESS et bien réfléchir à la performance du système. Actuellement en cours d’élaboration et d’essai, il aidera les usagers à extraire des informations qualitatives et quantitatives pertinentes pour la performance (des « mesures indicatives » qui peuvent apparaître dans différents outils des ESS) et envisager où se trouvent les difficultés et les forces qui influent sur la performance d’ensemble. 

Comment ces outils améliorent-ils l’harmonisation et l’alignement ?

Les outils des ESS sont pratiques par nature ; ils conseillent sur le recueil et l’analyse des données, mais ils manquent souvent d’un cadre conceptuel explicite pour réfléchir à la fonctionnalité du système et son impact sur la performance. C’est vrai pour tous les pays. Le cadre des EPSS comble cette lacune, et l’approche triple peut aider à intervenir sur les points suivants :

  • La fragmentation. Le cadre et le modèle des EPSS orientent les informations de l’ESS vers la performance ; de cette façon, les rapports produits avec l’application des outils des ESS peuvent inclure une analyse de la performance des systèmes de santé, quel que soit l’outil utilisé. Cela permet une analyse comparative de la performance à l’aide des informations tirées de différentes ESS, notamment une analyse des tendances au fil du temps, et favorise une évaluation plus cohérente. 
     
  • L’appropriation. Un principe implicite dans l’approche est que l’évaluation de la performance est guidée par les priorités politiques et les cycles de planification des pays. Le cadre et le modèle peuvent aider les pays à faire un meilleur usage des ESS, même là où elles ont été commanditées par différents partenaires, et à diriger le processus d’ensemble. 
     
  • Les goulets d’étranglement de la performance. En donnant un cadre général de la performance avec une priorité explicite sur les fonctions, les résultats et les objectifs, l’approche des EPSS peut aider toutes les parties prenantes à réfléchir conjointement et agir sur les causes à l’origine de la sous-performance du système.

En résumé, l’approche offre des possibilités d’analyser plus utilement la performance des systèmes de santé d’une manière plus collective, et de fournir une base pour une action plus cohérente et efficace.

Le cadre conceptuel des évaluations de la performance du système de santé sera présenté au cours de la séance parallèle du Symposium virtuel de recherche sur les systèmes de santé « Évaluation (de la performance) des systèmes de santé – comment faire en sorte que la performance ne parte pas à la dérive ? » (10 février 2021, 16h – 18h, heure d’Europe centrale/19h-21h, heure du Golfe). Les participants à la conférence pourront obtenir une version abrégée du livre décrivant le Cadre des EPSS pour la CSU et le modèle des EPSS. La publication finale sera disponible en avril 2021.

Entretemps, les partenaires de l’OMS et de la CSU2030 identifient les possibilités de promouvoir l’approche de l’EPSS et aident les pays à l’utiliser pour accompagner leurs évaluations des systèmes des santé, guider les revues nationales de santé et les stratégies des systèmes de santé. C’est particulièrement opportun alors que les pays se demandent comment consolider leurs systèmes de santé pour s’adapter au COVID-19 et lancer la reprise à moyen terme.

Pour plus d’informations, prière de contacter Dheepa Rajan et Julia Sallaku.

Photo : OMS/Lindsay Mackenzie

Catégories: Ne laisser personne de côté, Défendre la qualité des soins, Investir plus, investir mieux, Avancer ensemble, Initiatives apparentées

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