17 octobre 2019

Événement parallèle pendant la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Quel chemin avons-nous déjà parcouru vers la couverture santé universelle (CSU) ? Avons-nous choisi la bonne voie ? Le 22 septembre 2019 à New York, la veille de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la CSU, des partenaires internationaux ont présenté le Rapport mondial de suivi de la CSU 2019 qui donne des nouvelles inquiétantes : au rythme actuel de progrès, jusqu’à 5 milliards de personnes ne bénéficieront toujours pas de soins de santé en 2030.

L’Organisation mondiale de la Santé a préparé le rapport avec des contributions de la Banque mondiale, de l’Organisation de coopération et développement économiques, du Fonds des Nations Unies pour la population et de l’UNICEF. Le Rapport note que le monde devra doubler la couverture santé d’ici à 2030 pour parvenir à la CSU et signale que si la tendance actuelle se poursuit, jusqu’à 5 milliards de personnes n’auront toujours pas accès aux soins de santé en 2030. La plupart de ces personnes sont pauvres et déjà défavorisées. Les conclusions ont montré de bonnes nouvelles, notamment que la couverture des services de santé s’élargit, mais aussi de mauvaises nouvelles, en annonçant que la protection financière ne s’améliore pas. Plus de 930 millions de personnes ont consacré plus de 10% de leur budget familial aux soins de santé et 210 millions en ont dépensé plus de 25%. Des millions d’autres ont été plongées dans la pauvreté parce qu’elles ont demandé des soins de santé.

La présentation, animée par le Dr Githinji Gitahi, PDG d’Amref et Coprésident du Comité directeur de la CSU2030, s’est déroulée à la Fondation Ford de New York et des orateurs de haut niveau ont partagé leurs préoccupations et leurs idées sur la manière de progresser vers la CSU.

Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, a lancé le rapport et s’est déclaré inquiet que les progrès dans la couverture des services soient aussi coûteux pour les individus et les familles. Les pays les plus pauvres sont encore en retard, tout comme les pays en conflit. « Soyons clairs : assurer des soins de santé primaires ne veut pas dire prodiguer des services de santé essentiels pour les pauvres. La santé pour tous suppose de repenser les systèmes de santé depuis le bas vers le haut », a-t-il averti.

Mme Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF, a déclaré : « Si nous pouvons nous rassembler autour des SSP, cela changera notre monde. Les inégalités sont encore un problème. Nous avons besoin du concours de tous – chacun doit faire ce qu’il faut autour des SSP. C’est urgent ! »

La Dre Natalia Kanem, Directrice exécutive du FNUAP, a évoqué les inégalités entre hommes et femmes et la discrimination de genre en rapport avec les SSP et la CSU. « Nous devons saisir l’occasion dans la perspective de 2030 avec une union sans précédent autour des SSP et en accordant notre attention aux adolescentes. Ne leur faites pas honte quand elles viennent au dispensaire pour demander des services », a-t-elle conseillé.

Mme Gabriela Ramos, Directrice du Cabinet du Secrétaire général de l’OCDE, a insisté à nouveau sur ce point avec un commentaire sur la pauvreté, le genre et la santé et les droits sexuels et génésiques. « Nous n’avons pas encore réussi à dissocier la situation socio-économique des résultats sanitaires. Les pauvres souffrent d’un mauvais état de santé et ont accès à des services de santé de mauvaise qualité. Quand vous regardez les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables, ce sont des femmes ou des filles. Les besoins en santé et droits sexuels et génésiques doivent être mieux satisfaits et la question du genre est essentielle.

Le Dr Peter Salama, Directeur exécutif, Couverture santé universelle (CSU) et parcours de vie à l’OMS, a affirmé : « Nous atteignons maintenant les limites des modèles existants de la santé dans le monde. La pauvreté occasionnée par les dépenses de santé augmente. Les soins de santé primaires représentent la voie vers l’intégration pour la CSU. »

Le Dr Muhammad Pate, Directeur mondial de la santé, de la nutrition et de la population, et Directeur du Mécanisme de financement mondial pour les femmes, les enfants et les adolescents, Banque mondiale, a averti : « Si nous ne sortons pas de nos pratiques habituelles, nous ne parviendrons pas à la CSU et à la santé pour tous. Nous devons tous travailler ensemble pour résoudre les problèmes. L’efficacité pour des SSP de qualité est essentielle là où la couverture des services s’est élargie. Nous devons augmenter les ressources allouées à la santé sous la direction des gouvernements. »

Mme Anuradha Gupta, Directrice exécutive adjointe de Gavi, l’Alliance du Vaccin, a remarqué : « Certains enfants ne reçoivent jamais aucun vaccin ; nous les appelons les enfants à « zéro dose ». Notre stratégie a pour objectif central d’atteindre ces enfants à zéro dose. Nous nous y employons avec le renforcement des systèmes de santé et les SSP. »

La Dre Marijke Wijnrocks, Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a déclaré : « Nous souhaitons avoir un effet de débordement qui aille au-delà du sida, de la tuberculose et du paludisme et nous voulons faire pression en faveur de systèmes durables pour la santé. Nous voulons catalyser les investissements pour la viabilité. »

Le Dr Vytenis Andriukaitis, Santé et sécurité alimentaire, Commission européenne, a demandé : « Allons-nous vraiment atteindre la CSU d’ici à 2030 ? Nous devons faire davantage ! C’est une chose que les pays signent demain la Déclaration politique, mais cela en est une autre pour eux que d’avoir un solide plan d’action. »

Mme Alicia Ely Yamin, membre du Groupe indépendant du Secrétaire général de l’ONU sur la responsabilité (IAP) pour l’Initiative Chaque femme, chaque enfant, chaque adolescent, a remarqué : « Les bonnes intentions et les promesses de parvenir à la CSU ne suffisent pas. Les individus à qui ces promesses ont été faites ne sont pas les bénéficiaires d’œuvres caritatives. Ce sont des porteurs de droits de l’homme. La redevabilité est essentielle. »

Commentaire de la société civile sur le Rapport mondial de suivi

Le Mécanisme de participation de la société civile pour la CSU2030 (Civil society engagement mechanism – CSEM) a réagi au Rapport mondial de suivi de la CSU 2019 avec ses propres commentaires sur les conclusions. Le document intitulé « Ne laisser personne de côté : tenir la promesse de la santé pour tous » contient des réflexions, des observations et des recommandations.

La Dre Oahn Khuat, Directrice exécutive de SCDI Viet Nam et membre du CSEM, a exprimé une opinion clé de la société civile, c’est-à-dire que, si le Rapport de suivi 2019 présente un tableau global très utile des progrès de la CSU dans le monde, il ne parvient cependant pas à identifier les personnes laissées de côté. Il n’y a presque pas de ventilation des données selon les dimensions principales de l’équité telles que le sexe, l’âge, la richesse, l’appartenance ethnique, le handicap, la situation géographique, les États en situation de fragilité et de conflit, pas plus que des analyses des inégalités dues à des facteurs qui causent la marginalisation comme le statut migratoire, l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’enregistrement de l’identité.

« Nous recommandons que la CSU comme mouvement fasse respecter le principe qui consiste à ne laisser personne de côté. Nous devons identifier les besoins spécifiques des personnes les plus en retard », a conseillé Oahn Khuat. Elle a ajouté : « La détérioration documentée de la protection financière est inacceptable ! Les gouvernements, les Nations Unies et les institutions internationales devraient faire tout leur possible pour diminuer les paiements directs des services de santé. »

Dialogue sur la participation sociale pour la CSU

Une discussion de groupe s’est alors tenue sur la participation sociale et la redevabilité à la lumière de la mise en œuvre de la CSU, avec les perspectives de parlementaires et de représentants de la société civile et de gouvernements. Les principaux messages ont affirmé que la participation doit être réelle et démocratisée, et non pas seulement purement symbolique, afin que tous les citoyens puissent s’approprier la couverture santé universelle ; que les organisations de la société civile ont un rôle de premier plan à jouer dans les processus de recueil des données et de redevabilité ; et que le parlement est fondamental pour l’allocation des ressources et la mise en œuvre de la CSU.

Le Dr Suwit Wibulpolprasert, membre de la société civile pour les personnes âgées en Thaïlande : « La Thaïlande invite la société civile en tant que membre du conseil pour la CSU. Nous examinons le panier de soins, nous siégeons au comité des marchés et nous tenons des audiences publiques. La participation sociale est réelle. Nous nous approprions la CSU. »

M. Itai Rusike, Directeur exécutif, Groupe de travail communautaire sur la santé, Zimbabwe, a déclaré : « Une démocratisation des structures communautaires est nécessaire pour la participation. Les consultations budgétaires sont faites dans les hôtels plutôt que dans les villages et les communautés où les gens vivent. Cela écarte les femmes et les filles. »

Le Dr Subandi Sardjoko, Ministre adjoint pour les affaires humaines, sociales et culturelles, Indonésie, a affirmé : « En Indonésie, les citoyens ont la possibilité de participer aux mécanismes de vérification des données. Les OSC peuvent aider à améliorer la qualité des données et veiller à ce que nul ne soit laissé de côté. »

M. Martin Chungong, Union interparlementaire, a remarqué : « Demain, les pays adopteront une Déclaration sur la CSU, mais qui se chargera de la mettre en œuvre ? C’est le parlement qui doit la ratifier, approuver un cadre d’application et allouer des ressources. »

La Dre Diana Nambutya Nsubuga, Directrice nationale adjointe, Living Goods, a déclaré : « L’Ouganda fait face à une faiblesse des dépenses de santé par habitant. Il a fallu travailler dur avec les parlementaires et la société civile afin de mobiliser la volonté politique requise pour inciter le gouvernement à approuver une loi sur un régime national d’assurance maladie. Si les voix ne sont pas entendues, nous conserverons le statu quo. »

Pour clore l’événement, le Prof. Keizo Takemi, Ambassadeur de bonne volonté de l’OMS pour la CSU, a pris la parole. « Le Rapport mondial de suivi de la CSU 2019 est formidable. Les décideurs peuvent s’en servir afin de renforcer leurs propres systèmes de santé pour la CSU. L’objectif final est de créer des sociétés plus saines et un monde en meilleure santé. La CSU est un outil pour y parvenir », a-t-il noté.

Ressources

Rapport mondial de suivi de la CSU 2019 – Les soins de santé primaires sur la voie vers la couverture santé universelle

Commentaire du CSEM sur le Rapport mondial de suivi de la CSU 2019

Résumé analytique seulement

Se faire entendre : la participation sociale pour l’équité et la redevabilité sur la voie vers la CSU 

 

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