24 octobre 2019

Observations d’un partenaire de la CSU2030, Humanité & Inclusion

Une CSU tenant compte des personnes handicapées est nécessaire pour la santé pour tous

De bonnes raisons de se joindre à la CSU2030

Humanité & Inclusion (HI, connue aussi sous le nom de Handicap International) a rejoint officiellement la CSU2030 en mai 2019. Elle a ainsi attesté du profond alignement des objectifs de la CSU2030 avec la mission de HI qui est de travailler aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables pour améliorer leurs conditions de vie et respecter leurs droits fondamentaux.

Avec plus de 35 ans d’expérience, HI est un partenaire actif dans la communauté de la santé mondiale où l’association élargit l’accès aux services généraux et spécifiques, encourage la participation des personnes handicapées et leur garantit des chances égales. Se joindre à la CSU2030 représente une occasion unique pour HI de travailler étroitement avec d’autres acteurs engagés pour faire avancer le programme de renforcement des systèmes de santé et veiller à ce que nul ne soit laissé de côté dans ce processus, en particulier les populations vulnérables et les personnes handicapées.

Les personnes handicapées ont plus de besoins de santé et rencontrent davantage d’obstacles pour accéder aux informations et services

Les personnes handicapées ont souvent plus de besoins de soins de santé que les personnes non handicapées. Si les personnes handicapées ont les mêmes besoins généraux de santé que n’importe qui, auxquels les services de soins de santé primaires peuvent souvent répondre, elles peuvent aussi requérir des soins supplémentaires relatifs à certaines déficiences ou comorbidités précises. Ces besoins incluent l’accès à la réadaptation et aux équipements d’assistance (comme les fauteuils roulants, les prothèses, les supports visuels).

En dépit de leurs besoins plus nombreux, les personnes handicapées se heurtent souvent à des difficultés pour accéder aux services de santé, notamment de nature physique, financière ou en lien avec l’attitude ou la communication. Les personnes handicapées ont deux fois plus de probabilités de juger insuffisantes les compétences et les installations des prestataires de soins de santé, trois fois plus de probabilités de se voir refuser des soins et quatre fois plus de probabilités de ne pas être bien traitées dans les établissements de santé. Par exemple, l’écart entre les besoins de santé publique et l’accès à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH pour les personnes handicapées, s’ajoutant à la stigmatisation, la discrimination et l’exclusion sociale, se traduit par une prévalence supérieure du VIH chez les personnes handicapées. Les femmes handicapées sont de trois à quatre fois plus à risque d’être séropositives que les femmes dans la population générale.

50% des personnes handicapées ne peuvent se payer des soins de santé et elles font face à un risque de 50% plus élevé que les personnes sans handicap d’engager des dépenses de santé catastrophiques. 

“Après mon accident de la route, j’ai eu beaucoup de mal à trouver un travail. […] Ce sont mes neveux qui ont financé une bonne partie de ma réadaptation, près de 347 dollars. J’aurais aimé faire davantage de séances de réadaptation, mais je n’avais pas les moyens de les payer. » Pierre R., Haïti, Juin 2018

Ces frais peuvent être en rapport avec les dépenses générales du ménage, par exemple le transport ou les dépenses de santé, mais sont parfois aussi associés à la réadaptation et à l’appareillage d’assistance. Ou ils concernent l’obligation pour des membres de la famille, dans la plupart du temps des femmes, de renoncer à des activités rémunératrices pour prodiguer des soins indisponibles ailleurs. Pour les enfants, qui doivent changer ou adapter leur appareillage plus fréquemment à mesure qu’ils grandissent, les coûts peuvent être encore plus lourds. 

L’assurance maladie est un mécanisme commun pour diminuer les obstacles financiers aux services de santé, pourtant les personnes handicapées peinent souvent à avoir accès aux régimes privés d’assurance maladie, notamment faute d’informations disponibles et en raison des politiques discriminatoires dues aux conditions préexistantes. De plus, l’inclusion des services et produits de réadaptation dans la couverture de l’assurance est très variable ou absente dans la plupart des pays à faible revenu. 

Demander l’inclusion des personnes handicapées 

Alors que les pays s’emploient à réaliser une couverture santé universelle (CSU), il est important que les politiques et les programmes de la CSU tiennent pleinement compte des besoins des personnes handicapées grâce à des régimes d’assurance maladie plus solides et plus inclusifs du point de vue du genre, de l’âge et du handicap. 

Nous devons veiller à ce que chaque personne reçoive, sans difficultés financières, des services de santé efficaces et de qualité en fonction de ses besoins, y compris les services de réadaptation et les produits d’assistance.

Pour parvenir à cet objectif, la participation des personnes handicapées et des organisations qui les représentent à la conception, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des politiques et des programmes de la CSU est essentielle. Renforcer la capacité des prestataires de services de santé à assurer des soins tenant compte du handicap et garantir que l’information sur les systèmes de couverture de santé soient totalement accessible à tous est également capital. 

Des services spécifiques pour les personnes handicapées et des services de réadaptation, qui sont importants non seulement pour les personnes handicapées, mais aussi pour les personnes qui vivent avec tout un éventail d’affections physiques, devraient faire partie du panier prioritaire de soins et devraient être couverts par les mécanismes de protection contre les risques financiers. Bien que la Déclaration d’Astana (2018) réaffirme l’engagement en faveur d’une base solide pour l’intégration de la réadaptation dans le programme de la CSU, la réadaptation est encore communément jugée comme une prestation de luxe et elle est rarement intégrée dans les solutions de financement de la santé. 

« J’ai 22 ans et j’ai un fils de 11 mois. Pour verser une cotisation dans un centre de réadaptation, j’ai vendu mes meubles. Je vis à 30 minutes de marche du centre, mais je m’y rends par tuk-tuk pour 4000 Ar aller et retour. Je dépense près de 37 00Ar par mois, ce qui correspond à 20 kilos de riz. » Julia N., Madagascar, mai 2018

Le rapport « La réadaptation pour l'exercice des droits humains et le développement inclusif », récemment publié par HI et la Global Rehabilitation Alliance, souhaite remettre en question ce préjugé, en illustrant l’impact de la réadaptation sur les individus, les communautés et la société dans son ensemble et en montrant la contribution essentielle de la réadaptation pour réaliser l’ODD 3, parmi d’autres objectifs.  

Humanité & Inclusion

Humanité & Inclusion (HI) est une organisation de la solidarité internationale indépendante et impartiale qui travaille aux côtés des personnes handicapées et des populations vulnérables, dans les situations de pauvreté et d'exclusion, de conflits et de catastrophes. Le réseau de HI est constitué d'une fédération qui met en œuvre nos programmes sur le terrain dans une soixantaine de pays à revenu faible ou intermédiaire, et de huit associations nationales. Ces programmes ou associations nationales portent les noms « Handicap International » ou « Humanité & Inclusion », selon les pays.

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