La CSU2030 et la Coalition des partenariats pour la CSU et la...
21 juillet 2020
Mobiliser les ressources pour répondre aux situations d’urgence et renforcer les systèmes de santé à long terme.
Comment les pays peuvent-ils mobiliser des ressources adéquates pour répondre sans délai au COVID-19 et pour renforcer les systèmes de santé à plus long terme ? Telle était la principale question d’un laboratoire sur les revues nationales volontaires qui s’est déroulé le 13 juillet, pendant le Forum politique de haut niveau des Nations Unies. L’événement, dont le thème était « Financer les systèmes de santé pour consolider la préparation à de futurs chocs », a été organisé par le Bureau du financement du développement durable du DAES de l’ONU qui a invité plusieurs partenaires de la CSU2030 à y participer.
Le COVID-19 a le potentiel de causer trois vagues de morbidité et de mortalité : la première est due au virus lui-même, la deuxième tient à l’incapacité des systèmes de santé de continuer à fournir des services de santé essentiels et la troisième est liée à l’impact socio-économique de la pandémie. Pour réduire les pertes en vies humaines de ces trois vagues, il est essentiel d’honorer les engagements souscrits dans la déclaration politique sur la couverture santé universelle adoptée par les chefs d’État et de gouvernement lors de la réunion de haut niveau des Nations Unies en septembre 2019.
La pandémie a révélé la fragilité de nos systèmes de santé publique et souligné la nécessité de les renforcer. Les pays doivent revoir leurs modèles de dépenses publiques afin d’optimiser les allocations budgétaires aux biens communs pour la santé et aux services essentiels. Des dépenses accrues pour la santé publique, notamment pour les capacités de dépistage, de suivi et de traitement, peuvent aider à atténuer l’impact sanitaire du COVID-19, et avoir un effet multiplicateur sur l’économie.
Cette urgence sanitaire nous rappelle aussi brutalement que l’accès à des soins de santé de qualité et d’un coût abordable est un doit de l’homme fondamental. Dans ce contexte, la réalisation d’une couverture santé universelle (CSU) comme moyen d’assurer une gestion efficace de la crise sanitaire prend de l’importance, en particulier pour les populations vulnérables. D’après l’Organisation mondiale de la Santé, les pays doivent porter leurs dépenses de soins de santé primaires (SSP) au moins à 1% de leur PIB pour combler les lacunes de la couverture et réaliser les cibles de santé convenues au titre des ODD.
Néanmoins, l’environnement actuel, avec un déclin des investissements ainsi qu’une hausse des risques d’endettement et du protectionnisme, limite encore les capacités des gouvernements à financer des services publics essentiels comme les soins de santé. Les pays doivent explorer toutes les options de financement pour répondre à la pandémie et parvenir à la reprise.
Agnès Soucat, Directrice de la gouvernance et du financement des système de santé, Organisation mondiale de la Santé, a déclaré : « Au temps du COVID-19, l’utilisation des services diminue déjà et les difficultés économiques risquent d’annuler les progrès dans la lutte contre la pauvreté. Il est important d’investir à l’étape zéro de la CSU, qui est celle des ‘biens communs pour la santé’. Le COVID-19 a montré que le secteur privé est capable de répondre rapidement à la demande, mais le marché ne peut fournir certains biens et services. Des services axés sur la population, financés par les impôts, exigent une action collective. À cette époque d’espace fiscal réduit, beaucoup d’interventions sur les ‘bien communs’ publics ne sont pas très onéreuses et peuvent faire beaucoup. »
Feng Zhao, Directeur des stratégies, des opérations et de l’engagement mondial, Groupe de la Banque mondiale, s’est demandé : « Comment pouvons-nous investir au mieux dans la nouvelle version de systèmes de santé résilients afin de traiter les chocs sanitaires ? La question n’est pas d’investir dans des unités de soins intensifs et des hôpitaux pour atténuer l’impact, mais plutôt d’investir dans des systèmes de santé qui sont multisectoriels et axés sur les SSP. Nous avons beaucoup à faire en matière d’efficience pour renforcer le système des SSP et le repenser en intégrant la santé publique dans ce système. »
Haruka Sakamoto, Département des politiques de santé mondiale, Université de Tokyo, a remarqué : « Au Japon, les centres de santé publique ont joué un rôle central dans la prise en charge du COVID-19. Les finances publiques ont assumé tous les coûts des tests et du traitement. L’universalité de la couverture au Japon a permis une détection précoce, l’isolement et le traitement des patients du COVID-19. L’équité est une valeur essentielle du système de santé. Comment garantissons-nous un accès équitable à tous ? Nous devons évaluer les valeurs essentielles afin d’investir dans des systèmes de santé qui fonctionnent pour tout le monde. »
Emmanuel Odame, Directeur de la planification, du suivi et de l’évaluation des politiques au Ministère de la santé, Ghana, a affirmé : « Nous devrions examiner la conception de nos systèmes et environnements. Comment trouver de nouveaux dirigeants pour être sûrs que nous empruntons une nouvelle voie ? Le temps est venu de nous assurer que nous faisons les choses bien. Nous ne pouvons pas avoir une réforme de l’assurance maladie sans réformer la prestation des services. Les réformes individuelles ne peuvent se dérouler dans l’isolement. Maintenant, nous pensons aussi aux biens communs pour la santé, parallèlement à nos objectifs pour le secteur de la santé. »
Trevor Gunn, Vice-Président, Relations internationales à Medtronic, a remarqué : « Les partenariats public-privé sont pour le long terme et les deux partenaires doivent consolider sensiblement leurs propres systèmes internes. Les entreprises ne doivent pas se contenter de produire des biens, il faut qu’elles se mettent à coopérer et à résoudre les problèmes auxquels la société fait face. Ensemble, les secteurs public et privé peuvent édifier des systèmes de soins de santé résilients. Les problèmes pratiques sont parfois ardus, comme les infrastructures matérielles et humaines, mais nous devons travailler en partenariat pour trouver des solutions. »
Emilia Saiz, Secrétaire générale des Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) et membre du groupe consultatif politique auprès du mouvement pour la CSU, a noté : « Il y a beaucoup à gagner dans de bons partenariats public-privé, mais la gouvernance est essentielle. Les biens communs doivent le rester. Un niveau plus élevé de gestion est nécessaire de la part des autorités publiques qui sont élues par la population pour gérer les biens communs. Nos systèmes ne sont pas pensés pour la santé et le bien-être. Nous avons besoin de collaborer et d’associer les citoyens. Il nous faut investir davantage dans la prévision pour savoir où des situations problématiques peuvent apparaître. »
Navid Hanif, Directeur, Bureau du financement du développement durable du DAES de l’ONU, qui a animé l’événement, a retenu trois points principaux de la discussion. « Premièrement, quatre citoyens sur cinq pensent que tous les systèmes ne fonctionnent pas pour tout le monde. Un changement systémique est requis. Deuxièmement, la solidarité n’est pas l’altruisme, c’est un intérêt personnel. L’action collective et la participation mondiale sont essentielles pour que l’humanité progresse. Troisièmement, tous les secteurs souhaitent se rassembler pour financer le secteur de la santé. Cela demande un effort de toutes les parties de la société. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser des gens de côté. À cette fin, il faut anticiper, gérer les risques, partager les plans et mettre en œuvre les activités dans la perspective des résultats. »