30 janvier 2022

Comment travaillons-nous ensemble pour mettre en place des systèmes de santé équitables et résilients pour tous ?

Événement de la Journée de la CSU : Ne laisser la santé de personne de côté - 13 décembre

Comment pouvons-nous rendre la coopération internationale en matière de santé plus cohérente, spécialement en ce qui concerne le renforcement des systèmes de santé, la réponse aux besoins des communautés et la lutte contre les décès évitables ? Comment les pays donateurs peuvent-ils précisément contribuer à faire des systèmes de santé équitables et résilients afin que nul ne soit laissé de côté ?

Ces questions étaient au centre d’un dialogue fort animé organisé le 13 décembre par la CSU2030 et les Gouvernements du Canada, de la France, du Japon et du Royaume-Uni. La crise actuelle de COVID-19 a souligné la nécessité de systèmes de santé plus équitables et résilients, capables de protéger tout le monde. Nous avons besoin en urgence d’investissements plus axés sur les fondements des systèmes de santé, et d’une approche cohérente basée sur des soins de santé primaires qui n’excluent personne. 

Voici quelques messages clés de l’événement :

1. Le COVID-19 renforce le principe fondateur selon lequel la santé est l’affaire de tous : nous devons intensifier la coopération internationale et la solidarité pour consolider les systèmes de santé

2. Les systèmes de santé doivent mettre les personnes et les communautés au premier rang

3. Il faut s’attacher principalement à renforcer les soins de santé primaires, y compris les fonctions de santé publique essentielles

4. Renforcer les personnels de santé est une priorité absolue des systèmes de santé

5. La coordination et un soutien cohérent doivent s’aligner sur les priorités des pays, en mettant l’accent sur les résultats, la transparence et la redevabilité

6. Pour un impact à long terme, il est nécessaire de passer du « soutien » au « renforcement »

Le Dr Githinji Gitahi, PDG du Groupe Amref Health Africa, a animé l’événement. Il a souligné les liens entre la sécurité sanitaire et la CSU comme objectifs doubles du renforcement des systèmes de santé. Même si le financement public intérieur est central pour réaliser les ODD, l’aide publique au développement (APD) a un rôle important à jouer pour aider à renforcer les systèmes de santé dans les pays à faible revenu qui font face à des contraintes fiscales persistantes. Tous les pays doivent se rassembler pour garantir une action cohérente, conforme aux engagements qu’ils ont pris dans la déclaration politique sur la CSU (1). Il a souligné que l’événement s’inscrira dans le cadre d’un dialogue permanent au cours duquel les groupes représentés au sein de la CSU2030 identifient leurs contributions au renforcement des systèmes de santé. Il a espéré que ce dialogue incite les donateurs à se regrouper sur des activités essentielles et des leviers pour investir « plus et mieux » dans le renforcement des systèmes de santé (2).

Deux orateurs liminaires ont confirmé la nécessité d’intensifier la coopération internationale et la solidarité pour renforcer les systèmes de santé en vue d’aider les pays à réduire les décès du COVID-19 et d’autres causes.

Wendy Morton, Ministre du voisinage européen et des Amériques, Ministère des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement (Royaume-Uni), a insisté sur les récents chiffres provenant de 18 pays à faible revenu qui semblent indiquer qu’il y a eu plus de deux décès maternels et infantiles pour chaque décès officiel du COVID-19. Elle a affirmé : « Ce qui est tragique, c’est que si les systèmes de santé avaient été plus forts et plus inclusifs, beaucoup de décès auraient pu être évités. » Elle a annoncé de nouveaux documents gouvernementaux (3) qui mettent en évidence la contribution du Royaume-Uni au renforcement des systèmes de santé et à la réduction du nombre de décès maternels et infantiles évitables.

Helen Clark, Présidente du Conseil d’administration du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant (PMNCH), a expliqué comment le sous-investissement dans la CSU et la sécurité sanitaire mondiale, qui a laissé le monde mal préparé pour une urgence sanitaire mondiale telle que le COVID-19, traduit un échec de la coopération internationale et de la réponse collective mondiale. Le bouleversement que la pandémie a causé dans les services de santé et les communautés a annulé des progrès durement acquis pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents. « Tirant les leçons de cette expérience dramatique, tous les pays doivent renforcer leurs capacités à répondre aux menaces émergentes pour la santé. Si beaucoup de pays peuvent financer les investissements nécessaires à partir de leurs ressources internes, les pays à faible revenu ont vraiment besoin d’un financement solidaire », a-t-elle remarqué. Elle a ajouté : « Je reste optimiste et suis convaincue qu’avec une vision claire et une approche unitaire, nous pouvons sauver des millions de vies. »

L’événement incluait aussi plusieurs témoignages éloquents de communautés et de membres de la société civile. Le poème de Mumbi a lancé un vibrant appel aux dirigeants, les exhortant à amener vraiment un changement, et à ne pas se contenter d’en parler, rappelant ainsi qu’il s’agit là de personnes, de leurs choix et de leurs voix. Snehal, Blue Circle Diabetes Foundation (Inde), a expliqué comment un bon système de santé peut améliorer la qualité de la vie s’il inclut le droit à l’éducation et l’information, parallèlement à la disponibilité et l’accessibilité aux fournitures médicales. Naomi, White Ribbon Alliance (Kenya), a expliqué comment la campagne « La CSU pour moi » a permis au programme gouvernemental de la CSU de mieux répondre aux besoins communautaires, en donnant la priorité aux populations vulnérables et marginalisées comme les adolescentes et les personnes handicapées.

La discussion de groupe a montré comment les bailleurs de fonds peuvent se projeter au-delà du soutien aux services de santé pour investir utilement dans les systèmes de renforcement.

Joshua Tabah, Directeur général de la santé mondiale, Affaires mondiales (Canada), et Coprésident du Groupe d’investisseurs du Mécanisme de financement mondial (GFF), a suggéré que la priorité mondiale donnée au déploiement des vaccins offre une occasion de redoubler d’efforts pour affermir les systèmes de santé et les fonctions essentielles de santé publique en mettant l’accent sur le développement de capacités de première ligne durables pour les soins primaires. Cela inclut la nécessité de tenir compte des considérations spécifiques des droits et de l’égalité de genre pour aider à lever les barrières à l’accès aux services. Il a déclaré : « Cela ne fonctionnera que lorsque les pays bénéficiaires aux niveaux national et sous-national seront au centre et quand toutes les parties prenantes majeures participeront à la définition de ces priorités. » Il a souligné que les donateurs doivent encore faire davantage pour s’assurer de l’alignement du soutien bilatéral et multilatéral sur les priorités des pays et ils doivent être plus explicites sur leurs propres priorités et besoins. « Nous devons veiller à ce que tous les acteurs soient engagés, qu’ils aillent dans la même direction afin de bien renforcer les systèmes », a-t-il ajouté.

Stéphanie Seydoux, Ambassadrice en charge des questions de santé mondiale (France), a cité une importante leçon apprise lors de l’examen de la stratégie française de santé mondiale. Pour une action efficace, il est essentiel de distinguer le renforcement des systèmes de santé, qui vise à produire des améliorations durables et à long terme, du soutien des systèmes, qui souhaite garantir que les systèmes de santé dans le pays continuent de prêter des services. Elle a prononcé un plaidoyer éloquent pour une coordination dirigée par les pays : « Il est absolument nécessaire que nous soyons en mesure de suivre ce que les stratégies nationales de santé nous indiquent en tant que communauté donatrice, quel est le plan dans un pays donné, que veulent faire les autorités à leur propre niveau national. » Elle a aussi évoqué un investissement accru dans les personnels de santé comme catalyseur car il apporte « un triple dividende : de meilleurs soins de santé, une plus grande égalité des sexes puisque les femmes représentent jusqu’à 70% de la main-d’œuvre de santé mondiale, et une contribution à la croissance économique par la création d’emplois. » Dans ce contexte, elle a mentionné l’Initiative sur la place des femmes dans le secteur de la santé et des soins, portée par la France, en collaboration avec l’OMS et Women in Global Health (4).

Keiichi Hara, Directeur général adjoint, Sous-Ministre adjoint pour les affaires mondiales, Ministère des affaires étrangères (Japon), a rappelé que les contributions aux activités internationales menées pour surmonter le COVID-19 et progresser vers la CSU supposent « de mettre au point des vaccins et d’autres outils, tout en garantissant un accès équitable aux systèmes de santé, ainsi qu’en améliorant les problèmes relatifs à la santé. » Le Japon continuera de jouer un rôle de premier plan dans les efforts internationaux déployés pour parvenir à la CSU et pour collaborer avec les organisations concernées. La coordination des acteurs est capitale et la CSU2030 assume une fonction importante en offrant une plateforme pour rassembler les voix de multiples parties prenantes. Il a ajouté : « Nous devons aussi attendre de la CSU2030 qu’elle contribue à renforcer la redevabilité dans les pays qui font la promotion de la CSU. »

Le Dr Feng Zhao, Directeur de programmes au Pôle Santé, nutrition et population, Banque mondiale, a parlé des défis financiers que doivent relever les pays à faible revenu suite aux chocs économiques et sanitaires causés par la pandémie de COVID-19. Dans ce contexte, les allocations des ressources de l’APD seront encore plus importantes du fait des contraintes fiscales des pays bénéficiaires. L’approche future doit intégrer les programmes de renforcement de la sécurité sanitaire et des systèmes de santé, se centrer sur les soins de santé primaires et inclure des façons de s’attaquer aux limitations de l’espace fiscal au moyen, par exemple, de nouveaux impôts du domaine de la santé et d’investissements dans le capital humain. Il a affirmé : « La manière la plus rentable est de vraiment d’éviter qu’une pandémie survienne, puis de de la maîtriser quand elle en est encore à une phase précoce. »

Ressources :

  1. Pour que les pays donateurs honorent les engagements souscrits dans la Déclaration politique sur la CSU, ils doivent « fournir des financements adéquats, prévisibles et durables, s’appuyant sur des données factuelles, tout en améliorant leur efficacité, pour appuyer les efforts déployés à l’échelle nationale afin de mettre en place la couverture sanitaire universelle, compte tenu du contexte et des priorités à l’échelle nationale ».
  2. La CSU2030 facilite les pressions multipartites à l’appui de systèmes de santé plus solides. Son document « Ne laisser la santé de personne de côté. Agir sur des systèmes de santé équitables et résilients » résume des messages communs sur les systèmes de santé et les activités prioritaires. Cet événement offre une plateforme aux pays donateurs, dans le cadre d’un dialogue permanent avec un vaste éventail de parties concernées, pour exposer les conditions requises afin d’investir dans des systèmes de santé résilients et équitables et faire en sorte que cela se réalise. Plus d’informations ici.
  3. Ministère des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, document de synthèse : Health Systems Strengthening for Global Health Security and Universal Health Coverage (Renforcement des systèmes de santé pour la sécurité sanitaire mondiale et la couverture santé universelle).
  4. Initiative sur la place des femmes dans le secteur de la santé et des soins

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