21 juillet 2020

Dialogue entre les Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) et la CSU2030

Agir pour la couverture santé universelle : comment nous assurer que nos systèmes de santé protègent tout le monde ?

La pandémie de COVID-19 repousse les limites des systèmes de santé dans le monde entier, car elle a d’immenses répercussions sur la manière dont nous vivons. Les autorités locales jouent un rôle crucial dans la planification et la mise en œuvre des soins de santé et doivent faire partie des discussions sur la santé mondiale.

Un webinaire, animé conjointement par Githinji Gitahi, Coprésident du Comité directeur de la CSU2030, et Emilia Saiz, Secrétaire générale des CGLU, s’est déroulé le 14 juillet. Il a lancé un processus de dialogue entre les représentants des autorités locales et les partenaires de la CSU2030 qui représentent un éventail d’acteurs, notamment des gouvernements nationaux, des organisations internationales, la société civile, des fondations philanthropiques et le secteur privé, en se centrant sur la manière d’envisager l’avenir des services de santé et la fonction essentielle que les autorités locales peuvent assumer pour garantir que nul n’est laissé de côté.

La richesse du dialogue a montré combien il est fondamental d’écouter la voix des dirigeants locaux, qui sont en première ligne de la riposte à la crise du COVID-19, et a mis en évidence la place critique du service public pour une réponse efficace à l’urgence de santé.

Githinji Gitahi et Emilia Saiz ont présenté l’événement en se félicitant d’un tel dialogue puisque les ODD exigent une action locale sous la responsabilité directe des autorités locales. Les gouvernements locaux ont un rôle crucial dans la prestation d’une gamme de services qui sont nécessaires pour parvenir à une CSU fondée sur les soins de santé primaires et qui inclut des soins primaires, une action multisectorielle et l’autonomisation des communautés. En fait, les autorités locales se chargent de réaliser près de 65% des cibles des objectifs de développement durable (ODD).

« Cette pandémie montre que la prestation de services locaux est le véritable fondement des systèmes sanitaires, qui ne peuvent pas dénouer à eux seuls de telles crises. Ce dialogue est essentiel pour rassembler le mouvement autour de soins de santé universels et le mouvement des autorités locales, afin de nous assurer que nous pourrons résoudre les difficultés de santé en cette ère d’un monde urbanisé », a déclaré Mme Emilia Saiz, Secrétaire générale des CGLU et membre du groupe consultatif politique auprès du mouvement pour la CSU, CSU2030.

« Même avec des aspirations politiques et une ferme volonté politique, il sera très difficile de parvenir à la CSU sans les autorités locales et régionales qui sont en contact avec les citoyens. On ne saurait sous-estimer l’importance d’une action locale quand il s’agit de mettre en œuvre la CSU ou de réaliser les ODD », a noté le Dr Githinji Gitahi, Coprésident du Comité directeur de la CSU2030 et PDG de groupe, Amref Health Africa.

Le premier groupe a examiné l’expérience des autorités locales dans la riposte au COVID-19 et ce que nous devons apprendre de la réalité des communautés directement touchées par la pandémie. Les exemples ont démontré l’efficacité de l’utilisation de la technologie pour garantir un accès élargi aux soins de santé pendant les confinements, ou encore de la mobilisation de la société civile et des organisations communautaires pour desservir les populations les plus vulnérables comme les personnes handicapées. Mais ils ont aussi décrit les difficultés que rencontrent les autorités locales en raison de l’appui insuffisant des gouvernements centraux ou dans les zones touchées par des conflits et l’insécurité.

Le Dr Mohamed Boudra, Président des CGLU, Maire d’Al-Hoceima, Maroc, a rappelé que, pendant la pandémie, les politiques locales et les services essentiels ont mis en relief les directives fournies par les communautés scientifiques et ont tenté de se concentrer sur les populations les plus vulnérables. Ces expériences ont débouché sur l’élaboration du décalogue des CGLU, qui vise à garantir une transition durable sensible aux sacrifices consentis par les communautés.

Mme Patricia Monthe, fondatrice et PDG de MedXCare et membre du Groupe d’action de base du secteur privé, CSU2030, a avancé que la technologie et la télémédecine faisant la part belle aux approches axées sur les patients ont été essentielles pendant la pandémie pour élargir l’accès aux soins de santé et se connecter avec les gens à domicile.

Le Dr Githinji Gitahi, Coprésident du Comité directeur de la CSU2030 et PDG de groupe, Amref Health Africa, a appelé de ses vœux une « décentralisation fiscale » comme élément capital permettant de garantir que les autorités locales et régionales disposent de suffisamment de ressources pour assumer la prestation locale des soins de santé dans leurs communautés.

M. Musa Hadid, Maire de Ramallah, Palestine, a affirmé que si le COVID-19 a provoqué de nouvelles instabilités pour les autorités locales, elles ont été les premières à répondre aux besoins des citoyens pendant la crise.

Mme Smitha Sadasivan, membre du groupe consultatif auprès du MPSC / membre du Comité de travail, Société indienne sur la sclérose en plaques, Chennai, a noté l’importance des communautés et des organisations de la société civile (OSC) dans la riposte au COVID-19 pour servir de passerelle entre le gouvernement et les communautés. Les OSC ont aidé à mettre en place des systèmes de soutien comme des lignes d’appel et des informations. Elle a aussi réitéré la priorité du MPSC qui appelle à un accroissement du financement de la santé publique et de la protection sociale, de même que des données plus précises sur la vulnérabilité pour veiller à ce que nul ne soit laissé de côté.

Mme Khadija Ahmadi, Maire de Nili, Afghanistan, a conseillé de considérer la ‪CSU dans une perspective mondiale. Nous sommes interconnectés autour du monde et tous les pays requièrent un soutien pour améliorer leurs systèmes de santé. Nous avons aussi besoin de contributions accrues des gouvernements nationaux aux autorités locales qui sont en première ligne de la riposte au COVID-19.

Le deuxième groupe s’est penché sur ce que nous devons faire différemment pour être mieux préparés aux urgences ainsi que pour progresser vers la CSU, en présentant des arguments en faveur d’une intégration de la santé publique à tous les niveaux de gouvernement ; une collaboration à tous les niveaux de gouvernement ainsi qu’une qui inclut le pouvoir et les ressources ; et une approche de l’ensemble de la société et l’autonomisation des personnes, pour garantir la redevabilité et une véritable action.

Mme Midori de Habich, économiste et ancienne Ministre de la santé du Pérou, a suggéré de nous fonder sur le mouvement pour la CSU et d’assurer des équilibres clés dans le système de santé autour de la continuité des soins à tous les niveaux, depuis les soins primaires jusqu’en haut, la prestation des services de santé essentiels, éviter les réponses verticales à court terme et inclure les fonctions de santé publique dans les systèmes de santé.

M. Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire général des CGLU Afrique, a fait valoir que plus de 60% des maladies sont causées par de mauvaises conditions environnementales. Nous accordons donc trop d’attention à la médecine curative. Il plaide pour mettre l’individu au centre des décisions de santé et pour l’autonomiser.

Le Dr Vytenis Povilas Andriukaitis, Groupe consultatif politique auprès du mouvement pour la CSU / ancien Commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire, a plaidé pour davantage de solidarité dans le monde, avec une bonne coopération et collaboration. Des changements doivent se produire à tous les niveaux de gouvernement, avec un accent plus net sur la préparation et l’accès sur un pied d’égalité, conformément aux besoins.

M. Carlos Martínez, Maire de Soria, Espagne, Envoyé des CGLU pour l’Agenda urbain, a déclaré que la santé publique devrait faire partie de toutes les politiques et de tous les services publics, et que la seule manière de garantir la santé de l’économie était de garantir la santé des populations.

Mme Joy Phumaphi, Coprésidente, Groupe indépendant d’experts de la redevabilité pour l’initiative Chaque femme, chaque enfant, a rappelé que toutes les décisions doivent être prises conformément aux faits observés et aux principes du droit. Une approche de l’ensemble du gouvernement et de l’ensemble de la communauté est cruciale et l’institutionnalisation de la redevabilité doit comporter le suivi, l’examen et les recommandations allant de pair avec des mesures correctrices et une action.

Mme María Fernanda Espinosa Garcés, membre du groupe consultatif politique auprès du mouvement pour la CSU et Présidente de la 73e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a estimé qu’une prise de décision inclusive et participative est nécessaire pour toutes les stratégies de santé. Les OSC, les femmes et les peuples autochtones n’ont pas été inclus dans la prise de décision sur le COVID-19 et une approche multipartite est requise pour agir efficacement en faveur de la CSU et des ripostes au COVID-19. Elle a aussi annoncé le processus de préparation d’un examen multipartite intitulé « L’état de l’engagement en faveur de la CSU » et le lancement de l’enquête sur la CSU pour écouter les voix des populations sur les engagements en faveur de la CSU en action.

Mme Carola Gunnarsson, Maire de la municipalité de Sala et Première Vice-Présidente de l’Association suédoise des autorités locales et des régions, a affirmé qu’il est important d’associer les autorités locales et régionales à la recherche de solutions pour l’avenir. C’est aussi une manière de protéger la démocratie. Le travail politique doit se poursuivre, même pendant les pandémies, spécialement dans les villes et municipalités, et il nous faut un système démocratique stable. Nous ne devons pas exclure les niveaux locaux et régionaux si nous voulons prendre soin de la démocratie à l’avenir.

Le Dr Githinji Gitahi a insisté dans ses remarques de conclusion sur l’importance d’une institutionnalisation de la participation et de la création d’un environnement habilitant pour la participation. Mme Emilia Saiz a clos la réunion en déclarant : « Nous sommes ravis d’avoir rejoint le mouvement pour la CSU et nous attendons avec intérêt de partager beaucoup des outils élaborés par la CSU2030. C’est le début d’une longue discussion et de beaucoup d’action. »

Lire l’article des CGLU sur l’événement

Photo : © OMS / NOOR / Arko Datto

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